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PREFACE. c.iAXv

serait encore à naître, s'il eût dépendu de nous seuls de l'enfanter par un acte de notre raison. H faut l'avouer : en face d'une telle aberration du philo- sophe, la psychologie s'est bien vengée du dédain systématique où il prétend la tenir. Par on ne sait quelle crainte puérile de l'empirisme. Kant ne veut pas interroger la conscience. C'est à la raison, pure de tout élément empirique , qu'il veut s'adresser, et voilà les oracles que promulgue la raison pure î Ce que nous savons de la science la plus manifeste et la plus splendide, ce qu'implique le moindre mouve- ment de notre corps, la moindre pensée de notre intelligence, ce qui se confond avec notre vie elle- même, c'est à la suite d'un syllogisme que nous devons l'apprendre ! La psychologie, si Kant eût bien voulu l'interroger, lui aurait répondu comme répond le genre humain tout entier, sauf quelques sophistes, comme répondent les législations de tous les peuples, que l'homme est libre et responsable, qu'il le sent dans les profondeurs lumineuses de sa conscience ; et que c'est là précisément ce qui fait son privilège entre toutes les créatures, sa dignité et sa grandeur, qui le rapproche de Dieu même. Mais Kant, qui se montre si scrupuleux à l'égard de la liberté, oii a-t-il appris que l'homme est doué de la faculté de vou-

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