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moins foncé au blanc, comme le corbeau, le moineau, les hirondelles. Mais l’on n’a jamais vu les races de couleur blanche passer au noir. Beaucoup d’oiseaux changent si bien de couleur, avec les saisons, qu’on ne les reconnaît plus, si l’on n’est point fait à ces changements. § 19[1]. Chez d’autres animaux, la couleur du poil varie avec la couleur des eaux qu’ils boivent ; ici ils deviennent blancs, et là ils deviennent noirs. Cette influence s’étend jusque sur les portées. Dans bien des lieux, on trouve des eaux qui font que les moutons, qui s’accouplent après en avoir bu, ont des agneaux noirs. On cite, par exemple, le fleuve appelé le Froid, dans la

  1. Avec la couleur des eaux. L’influence de la boisson est incontestable ; mais elle ne va pas aussi loin qu’Aristote semble le croire, soit d’après des faits qu’il aurait observés lui-même, soit d’après les faits que la tradition lui aurait transmis. — Ils deviennent blancs. MM. Aubert et Wimmer ont adopté une leçon qui limite ces changements au bétail, aux moutons. La leçon ordinaire, qui est plus large, me semble préférable. — S’étend jusque sur les portées. J’ai conservé avec tous les manuscrits et toutes les éditions cette phrase que MM. Aubert et Wimmer proposent de supprimer comme faisant double emploi avec ce qui suit. — Que les moutons. Le texte est moins précis ; mais la suite, où il est question des agneaux, prouve bien que ce passage se rapporte à une espèce particulière. — Dans la Chalcidique de Thrace. Cette contrée est un peu au nord-ouest de l’Eubée, au fond du golfe Thermaïque ; on y trouve Potidée, Olynthe et Stagire, patrie d’Aristote. On ne sait à quel fleuve de ce pays se rapporte le surnom de Froid. Voir la planche IV de l’atlas de Kiepert. — Assyritis. J’ai conservé l’orthographe que donnent tous les manuscrits ; mais il est bien probable qu’il s’agit de l’Astyritis, comme l’ont corrigé quelques éditeurs. L’Astyritis est le territoire d’Astyra, comme l’Antandrie, mentionnée un peu plus bas, est le territoire d’Antandros, ces deux villes étant l’une et l’autre à l’extrémité du golfe d’Adramytte. Alors, il faudrait déplacer Astyritis du texte et le rapprocher d’Antandrie, comme l’a fait M. Pikkolos, que MM. Aubert et Wimmer ne semblent pas désapprouver ; voir Strabon, liv. XIII, ch. I, Troade, p. 519, édit. Firmin-Didot. — Des moutons blancs…. des moutons noirs. Selon Strabon, liv. X, ch. I, § 14, p. 386, édit. Firmin-Didot, c’étaient deux fleuves de l’Eubée, le Cérée et le Nélée, qui produisaient cet effet sur le bétail. Strabon rapporte aussi des effets non moins merveilleux de deux fleuves, aux environs de Sybaris : l’un, le Crathis, qui changeait la couleur des cheveux des hommes qui buvaient de ses eaux ; l’autre avait une action non moins étonnante sur les chevaux, liv. VI, Italie, ch. I, § 13, p. 219, édit. Firmin-Didot. — Homère l’appelle le Xanthe. Homère dit seulement que les dieux appellent Xanthe le fleuve que les hommes appellent le Scamandre, Iliade, chant XX, vers 74.