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lieu pour les ongles ; car il y a des animaux dont les ongles sont aussi durs que des os. § 5[1]. L’homme a la peau plus mince qu’aucun autre animal, en proportion de sa grosseur. Dans la peau de tout animal quelconque, il y a toujours une humeur visqueuse, moins abondante chez les uns, plus chez les autres, comme chez les bœufs, par exemple, où elle sert à faire de la colle ; dans certains pays, on fait aussi de la colle avec cette viscosité des poissons.

§ 6[2]. La peau est par elle-même insensible quand on la coupe ; et surtout la peau de la tête, parce que là il n’y a pas du tout de chair entre la peau et l’os. Du reste, là où il n’y a que de la peau, elle

  1. L’homme a la peau plus mince. Observation qui paraît exacte, et qu’Aristote est le seul à avoir faite. — Une humeur visqueuse. Nous pouvons l’observer assez facilement sur nous-mêmes, et particulièrement à la commissure de nos ongles des mains avec la peau qui les entoure. — Où elle sert à faire de la colle. On fait en effet de la colle-forte avec les rognures de cuir et certaines parties de l’animal. — Dans certains pays. MM. Aubert et Wimmer mettent cette phrase entre parenthèses comme suspecte ; je suis de leur avis, bien que cette addition concorde assez avec ce qui précède.
  2. La peau est par elle-même insensible. Au premier coup d’œil, ceci semble tout à fait inexact, et la peau paraît au contraire être le sens du toucher, et par conséquent d’une sensibilité extrême. Cependant on peut avec des instruments très-tranchants se couper l’épiderme, sans plus le sentir que quand on se coupe les ongles. C’est là sans doute ce qu’Aristote aura voulu dire en parlant de la peau prise « en elle-même ». Le siège de la sensibilité serait, pour lui, dans la chair et non dans la peau. — Et surtout la peau de la tête. Ceci ne paraît pas très-exact ; et la peau de la tête, sans être très-sensible, n’est pas insensible cependant. Dans le Traité des Parties des animaux, Aristote revient à cette particularité de la tête, qui n’est pas charnue, liv. II, ch. X, § 40, p. 92, édit. et trad. Frantzius. — Elle ne reprend point. Ceci semble tout à fait inexact ; mais il est possible que la vraie pensée d’Aristote ne soit pas ici très-bien comprise ; il aura voulu dire sans doute que, dans ces parties de la peau, la cicatrice laisse toujours une lacune qui les déforme ; et cette observation semble vraie en ce qui regarde la paupière.