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n’ont pu constater l’origine et l’organisation des veines que d’après des apparences tout extérieures.

§ 4[1]. Syennésis, médecin de Chypre, les explique d’abord de cette façon. « Les grosses veines, dit-il, sont organisées ainsi. Elles partent de l’œil près du sourcil ; et le long du dos, elles se rendent aux poumons sous les mamelles. Celle de droite passe à gauche ; et celle de gauche passe à droite. La veine de gauche se rend par le foie, au rein et au testicule ; celle de droite se rend à la rate, au rein et au testicule, pour, de là, arriver à la verge. »

  1. Syennésis, médecin de Chypre. Syennésis n’est connu que par ce passage d’Aristote. Son système est de beaucoup le plus incomplet de tous. Voir sur lui, sur Diogène et sur Polybe, l’Hippocrate de Littré, tome IX, p. 163. A quelle époque au juste vivait Syennésis, c’est ce qu’il est impossible de savoir. Comme Aristote le nomme avant Diogène d’Apollonie, on pourrait croire que Syennésis est antérieur à ce dernier ; ce qui le reporterait au VIe siècle avant notre ère. — Les grosses veines. Il est probable que ceci désigne les plus grosses artères. — Elles partent de l’œil. On ne voit pas ce qui a pu donner prétexte à une telle théorie ; les faits ne s’y prêtent en rien. Il est probable néanmoins que ces erreurs, toutes manifestes qu’elles sont, reposaient sur quelques observations anatomiques. Au lieu de : « De l’œil près du sourcil », plusieurs manuscrits ont : « Du nombril vers les lombes ». La première leçon est préférable. MM. Aubert et Wimmer ont celle-là dans leur texte ; et la seconde, qui est certainement moins bonne, s’est glissée dans leur traduction. Il paraît probable que Syennésis commençait par les carotides, qui sont au cou, et dont les ramifications s’étendent à la tête, pour descendre ensuite aux poumons et de là au foie, aux reins, à la rate et au testicule. Mais cette description est de pure fantaisie ; et la réalité n’y répond en quoi que ce soit. Aussi Aristote s’y arrête-t-il le moins possible. Tout ce morceau de Syennésis se retrouve reproduit dans le Traité hippocratique de la Nature des Os, voir Littré, Hippocrate, tome IX, p. 175, qui est surtout consacré à l’étude des veines.