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changement singulier a lieu sur tout le corps ; et les yeux, aussi bien que la queue, changent comme tout le reste. § 6[1]. Ses mouvements sont lents, comme ceux des tortues. Quand il meurt, il devient jaune ; et cette couleur persiste après sa mort. L’estomac, ou œsophage, et la trachée-artère sont disposés comme dans les lézards. Il n’a de chair nulle part, si ce n’est près de la tête et des mâchoires, où il en a quelque peu, ainsi qu’au bout de l’appendice de sa queue. § 7[2]. Il n’a de sang que vers le cœur, autour des yeux, dans la partie supérieure au cœur, et dans les petites veines qui sortent de ces parties ; et encore, elles n’en ont

  1. Ses mouvements sont lents. La langue est le seul organe que les chaméléons meuvent avec vitesse. Pour tout le reste, ils sont d’une lenteur excessive. — Cette couleur persiste. Le jaune serait alors la couleur propre de cet animal ; car il est constaté que les changements de couleur ne tiennent qu’à la circulation du sang, que la transparence de la peau laisse apercevoir. Quand l’animal est gonflé, le corps paraît tout à fait transparent. Un naturaliste allemand, M. E. Brucke, a expliqué définitivement ce singulier phénomène par le déplacement de deux couches mobiles de pigment, bleu et noir ; voir M. Claus, Zoologie descriptive, p. 917, trad. française, en note. — L’estomac, ou œsophage. Le mot grec a les deux sens ; mais c’est plutôt le dernier qu’il convient d’adopter ici. Ces détails anatomiques prouvent qu’Aristote avait disséqué des chaméléons. — Il n’a de chair nulle part. Ceci veut dire sans doute que tout le corps du chaméléon est rugueux, et qu’aucune partie n’en est charnue, si ce n’est celles qu’indique l’auteur. — De l’appendice, ou « de l’enroulement…
  2. Il n’a de sang que vers le cœur. Tout ceci prouve encore qu’Aristote avait dû pratiquer des dissections fort attentives. D’ailleurs, ces détails physiologiques ne paraissent pas avoir occupé la science moderne. Aristote les trouve assez curieux pour en parler ; les autres naturalistes n’y ont attaché aucune importance. Cuvier n’a rien dit de particulier sur le cerveau des chaméléons. — Quand on enlève la peau… C’est une véritable expérience anatomique. — Il y a un petit corps… Le fait paraît bien certain, quoiqu’on l’ait à peu près complètement négligé depuis Aristote. Cependant MM. Aubert et Wimmer citent Vaientin, qui dans son Theatrum anatomicum, p. 196 (en 1720), a mentionné cette organisation de l’œil du Chaméléon.