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CHAPITRE XIV.

Du cœur dans le corps humain ; ses cavités ; sa position ; sa pointe toujours dirigée en avant ; méprises dans la dissection ; le cœur est placé à gauche ; description des trois cavités ; communication du cœur avec le poumon ; expérience qui prouve cette communication ; le poumon est de tous les organes celui qui a le plus de sang ; mais ce sang est dans les veines qui le traversent, tandis que le cœur a le sang en lui-même ; différence du sang selon les cavités ; description du diaphragme ; le foie, la rate, l’épiploon ; le foie n’a pas de fiel ; singularité des moutons de l’Eubée et de ceux de Naxos ; description des reins, ou rognons, dans l’homme ; leur organisation ; vaisseaux qui se rendent des reins à la vessie ; description de la vessie ; organe sexuel chez l’homme ; testicules ; la seule différence chez la femme consiste dans la matrice ; dessins anatomiques à consulter, annonce de travaux ultérieurs.

§ 1[1]. Le cœur a trois cavités ; il est placé plus haut que le poumon, à la bifurcation de la trachée-artère ; il a une membrane grasse et épaisse, là où

  1. Le cœur a trois cavités. Voir plus loin § 3, et liv. III, ch. III. Il est difficile de comprendre comment Aristote a pu trouver trois cavités dans le cœur. Ou d’une manière générale, on peut considérer le cœur comme une grande cavité ; ou si l’on pénètre plus attentivement dans l’intérieur, on y trouve quatre cavités et non trois, les deux oreillettes et les deux ventricules à droite et à gauche. Le nombre trois ne se rapporte pas davantage aux gros vaisseaux qui entrent dans le cœur ou qui en sortent : la veine cave supérieure, l’aorte, l’artère pulmonaire, le tronc brachio-céphalique, la veine pulmonaire, etc., etc. — Placé plus haut que le poumon. Ceci ne doit pas être pris à la lettre ; et, dans son ensemble, le cœur est plutôt placé au-dessous du poumon ; seulement, le poumon à droite et à gauche descend un peu plus bas que la pointe du cœur sur le diaphragme ; et c’est ainsi qu’il faut comprendre la description d’Aristote. Peut-être aussi pourrait-on traduire, en ne pensant qu’à la partie supérieure du cœur. « Placé dans la portion la plus haute du poumon ». Mais le texte serait peu correct pour exprimer ce sens. Les manuscrits ne donnent pas de variantes. — À la bifurcation de la trachée-artère. C’est bien là en effet la place où est le sommet du cœur. — Une membrane grasse et épaisse. C’est sans doute le péricarde, ou aussi le tissu même du cœur, qui est en effet épais et graisseux. — À la grande veine. La veine cave supérieure. — Et à l’aorte. En fait, l’aorte naît dans la partie gauche du cœur, et dans l’oreillette gauche. — Il repose sur l’aorte. C’est-à-dire qu’après être sortie du cœur, l’aorte, s’infléchissant en forme de crosse, passe derrière le cœur, descend le long de la colonne vertébrale, et traverse le diaphragme pour donner naissance à toutes les artères inférieures du corps, jusqu’à l’extrémité des jambes et des pieds. — Vers la poitrine. Vers la partie antérieure, par conséquent. — Dirigée en avant. Et un peu vers la gauche, comme il sera dit au paragraphe suivant. — Dans la dissection. Le mot grec n’est peut-être pas aussi technique ; il signifie seulement division, partage ; mais ici il s’agit de la division qu’on fait tout exprès de certaines parties du corps, qu’on veut observer. — Il y a des muscles dans ses cavités. C’est ce qui a fait dire aux anatomistes modernes que le cœur est « un muscle creux ». Le mot du texte signifie nerfs aussi bien que muscles ; mais j’ai préféré ce dernier mot, parce que, ainsi que je l’ai dit, la distinction des nerfs et des muscles n’a pas été connue d’Aristote. L’intérieur du cœur est composé des matières les plus diverses pour la prodigieuse organisation des oreillettes et des ventricules ; mais la science au début a nécessairement tout confondu, dans l’impuissance de pousser plus loin l’analyse.