Page:Aristote - Histoire des animaux - traduction Jules Barthélemy Saint-Hilaire.djvu/230

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui est vrai et ce qu’on ne peut nier, c’est que l’ouvrage finit un peu inopinément, et qu’avec nos habitudes actuelles nous pouvons trouver qu’il y manque une conclusion générale, récapitulant, à larges traits, toutes les études antérieures, et marquant nettement le but poursuivi, et atteint après une marche régulière, au prix des observations les plus longues et les plus sagaces. Mais si ce sont là les louables habitudes des Modernes, ordonnant ainsi leurs pensées et leur style, ce ne sont pas celles des Anciens ; les leur imposer, c’est trop exiger d’eux ; et ils nous ont déjà bien assez donné, et nous avons déjà bien assez reçu de leur initiative, sans vouloir encore leur demander cette méthode rigoureuse, qui est le fruit d’une expérience qu’ils ne pouvaient avoir autant que nous. En tout cas, Aristote aurait une excuse toute personnelle, sa mort prématurée, qui a ravi à la plupart de ses œuvres une perfection de forme qu’il était plus capable que personne de leur assurer, s’il eût vécu davantage. Il n’y a pas d’esprit plus scientifique que le sien ; sous ce rapport, personne ne peut lui être égalé, de l’aveu même de tous les savants les plus compétents, ses successeurs ou ses émules. S’il manque quelque chose à l’Histoire des Animaux, ce n’est pas lui qu’il faut en accuser ; c’est cette fatalité aveugle qui ne permet jamais à l’homme de faire tout ce qu’il projette, même quand il apporte à ses résolutions la volonté la plus constante et les facultés les plus énergiques. Aristote, malgré tout son génie, en a été la victime, comme tant d’autres, encore plus malheureux que lui. Ses œuvres n’ont pas péri tout entières, et ce qui en est