Page:Aristote - Histoire des animaux - traduction Jules Barthélemy Saint-Hilaire.djvu/204

Cette page n’a pas encore été corrigée

parfois ce désintéressement, ou plutôt cette négligence. Bien des philosophes croient encore connaître suffisamment Aristote et Théophraste, sans avoir lu, ni la zoologie de l’un, ni la botanique de l’autre. C’est une erreur et une lacune grave. La philosophie ne peut jamais élever pour elle-même la moindre prétention ; et il lui importe assez peu, dans sa pérennité, qu’on lui attribue une juridiction plus ou moins large ; mais c’est mal comprendre les choses que de les mutiler ; c’est faire tort gratuitement à un auteur que de l’étudier à demi. L’histoire de la philosophie doit parler des Caractères de Théophraste à côté de ses livres sur les Plantes, comme elle doit parler de la Poétique d’Aristote, et de ses Problèmes, à côté de sa Morale et de sa Métaphysique. Retrancher quelque trait d’une physionomie, c’est la fausser. Cette inadvertance, regrettable partout, l’est encore davantage dans l’histoire de la philosophie. Comme l’objet de la philosophie est de contempler l’ensemble des choses et d’en scruter les principes, elle est d’autant plus tenue d’être complète dans les détails qu’elle s’efforcerait vainement de l’être pour le tout.