Page:Aristote - Histoire des animaux - traduction Jules Barthélemy Saint-Hilaire.djvu/196

Cette page n’a pas encore été corrigée

sorti le fleuve, dont le cours s’élargit sans cesse, et que nous accroissons tous les jours par des affluents nouveaux. Voilà ce que notre civilisation moderne doit à la Grèce ; et notre gratitude doit être inépuisable, comme le bienfait. En dehors de la Grèce et des peuples qu’elle a instruits, il n’y a pas de science, s’il y a encore des arts et des lettres. Quelques races, dans le genre humain tout entier, ont été favorisées ; d’autres ont été déchues. Par quelle cause ? C’est là le secret de la Providence, que les hommes chercheraient vainement à pénétrer. Aristote, tout grand qu’il est, n’est encore qu’un des fils de la Grèce, la maîtresse et l’origine commune de tout ce qu’il y a de vrai et de beau parmi nous.

Enfin, de ce passé splendide et fécond, ressort un dernier enseignement ; et c’est encore à la zoologie d’Aristote que nous le demanderons. Entre les Anciens et les Modernes, il n’y a point de solution de continuité, ni cet abîme intellectuel qu’on a si souvent voulu creuser, avec plus d’orgueil que de justice. Comme naturaliste, Aristote est tout au moins au niveau de Buffon et de Cuvier ; et notre science discute à cette heure ses opinions, comme si elles étaient d’hier. Cette