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la nature n’est pas moins malfaisante que bienfaisante, et qu’elle crée une foule de choses qui n’ont aucun but. En preuves de ces assertions surprenantes, on cite l’absorption des virus, qui, en un instant, détruisent l’organisme animal le plus robuste, et que la nature, indifférente et homicide, transporte par la circulation, comme elle transporterait les fluides les plus sains et les plus réparateurs ; on cite certains organes que la nature essaye de produire et qui ne sont jamais d’aucun usage : par exemple, les incisives de l’intermaxillaire de nos ruminants, qui ne viennent jamais à éruption ; les embryons de baleines, dont les mâchoires ont une denture qui n’entre jamais en activité ; les mamelons de la poitrine du mâle humain, qui ne donnent point à téter ; et dans le coin interne de notre œil, le rudiment insignifiant d’une troisième paupière, qui est développée chez d’autres mammifères, chez les oiseaux et chez les reptiles.

Ces quelques faits, recueillis à grand-peine, peuvent être exacts, mais nous le demandons : Que signifient ces infimes exceptions et celles qu’on pourrait sans doute y joindre encore ? Que prouvent-elles ? La raison, le sens com-