mais c’est toujours par une différence très légère que ces êtres, les uns comparés aux autres, semblent avoir de plus en plus la vie et le mouvement. » (Aristote, Histoire des Animaux, liv. VIII, ch. 1, § 4.)
Aristote est revenu bien souvent à cette observation ; et il met une grande persévérance à prouver que la nature procède toujours par degrés. C’est la pensée que Leibniz, après tant d’autres, exprimera plus tard dans cette formule, « que la nature ne fait jamais de sauts ». Le philosophe grec est aussi de cet avis ; et il semble redoubler d’attention quand il étudie ces êtres équivoques qui, placés sur la frontière de deux règnes, ne sont, à vrai dire, ni des animaux, ni des plantes, tenant des uns et des autres également. Telles sont les Téthyes, qu’Aristote a décrites à plusieurs reprises, et qu’il n’a pas confondues avec les polypes à polypiers, erreur commise par quelques naturalistes modernes. Il a parfaitement distingué dans cette organisation, qu’il déclare fort singulière, les deux espèces de trous : les uns, presque fermés, qui servent à l’entrée de l’eau ; les autres, béants, qui sont destinés à la sortie du liquide. C’est ce qu’on peut