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que l’amour de la nature était un privilège de notre temps, un monopole récemment découvert à notre usage, sans doute depuis Jean-Jacques et même depuis Obermann. Littré a déjà réfuté ce paradoxe de notre vanité ; et il lui a suffi de rappeler quelques passages d’Homère de Platon et de Pline, pour en faire justice. Il pouvait rappeler encore les idylles de Théocrite, les pages sublimes de Cicéron dans son Traité de la Nature des Dieux, les Géorgiques de Virgile après Lucrèce, tant de vers charmants d’Horace, et les éloquentes amplifications de Sénèque. Mais Aristote eût-il été le seul à parler de la nature ainsi que nous venons de le voir, il semble qu’une telle profession de foi démontre assez clairement que les Anciens ont senti, aimé et célébré la nature aussi bien que nous. Seulement, ils ont été moins personnels, moins littéraires et moins déclamateurs. En général, ils sont occupés exclusivement du sujet qu’ils traitent ; et l’individu se produit fort peu ; l’égoïsme de l’écrivain ne se trahit pas. C’est peut-être là un des plus grands charmes de l’Antiquité. Chez nous, Rousseau adresse à l’univers ses Confessions, qu’il croit imiter de saint Au-