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qu’elle fait comme les peintres, qui se contentent premièrement de tracer des lignes, et qui n’appliquent que plus tard les diverses couleurs à l’objet qu’ils représentent. » (Traité de la Génération des Animaux, liv. II, 94, p. 184, édit. Aubert et Winner.)

Quel est celui des naturalistes modernes qui renierait de telles pages ? Ou plutôt, qui ne voudrait les avoir écrites ? Elles feraient honneur au plus sage et au plus instruit. Aristote a eu bien rarement de ces effusions ; mais quand il s’y laisse aller, elles n’en sont que plus précieuses. Il aimait la nature autant qu’il l’admirait ; et dans les études qu’il lui consacrait, le cœur tenait sans doute autant de place que l’esprit.

Il est assez singulier que les Modernes se soient figuré quelquefois qu’ils étaient les premiers et les seuls à aimer la nature. Schiller prétend que les Grecs, malgré toutes leurs qualités, ont été étrangers à ces émotions délicates, et que le spectacle des choses a captivé leur « intelligence bien plus que leur sentiment moral ». Humboldt adresse à l’Antiquité la même critique, qui, après lui et après Schiller, est devenue un lieu commun de littérature courante. Il a été entendu