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attention aussi grande qu’auparavant ; toutefois ils ne modifiaient pas le mode d’élection des archontes. Cependant, la sixième année qui suivit la mort d’Éphialte, ils décidèrent que l’on prendrait également parmi les zeugites les candidats désignés par une élection préalable pour tirer au sort les fonctions d’archonte, et le premier archonte pris parmi eux fut 457/6 Mnésitheidès. Les archontes précédents avaient tous été pris parmi les chevaliers et les pentacosiomédimnes ; et les zeugites remplissaient seulement les fonctions ordinaires, à moins que les dispositions de la loi ne fussent négligées.  Quatre ans après, sous l’archontat de 453/2 Lysicratès, on rétablit les trente juges des dèmes[1] ;  et la troisième année qui suivit, sous 451/0 Antidotos, à cause du nombre croissant des citoyens et sur la proposition de Périclès, on décida de ne pas laisser jouir de droits politiques quiconque ne serait pas né de deux citoyens.


La guerre du Péloponnèse et l’évolution démocratique.

XXVII. Puis, quand Périclès eut pris la direction du parti populaire (il avait commencé à acquérir de l’influence en accusant, encore tout jeune, Cimon lors de la reddition de comptes de sa stratégie[2]), la constitution devint encore plus favorable au peuple. Périclès en effet enleva certains droits à l’Aréopage et poussa vivement l’État à augmenter sa puissance maritime, ce qui donna à la foule l’audace de tirer à elle de plus en plus toute la vie politique.  Dans la quarante-neuvième année qui suivit la bataille de Salamine, sous l’archontat de 432/1 Pythodoros[3], s’engagea la guerre du Péloponnèse, pendant laquelle le peuple, enfermé dans la ville et habitué à recevoir une solde dans les expéditions, se décida en partie de son plein gré, en partie contraint, à administrer par lui-même les affaires de l’État.  Ce fut aussi Périclès qui le premier donna une indemnité aux tribunaux, pour rivaliser de popularité avec la richesse de Cimon. En effet Cimon[4], qui avait une fortune princière, d’abord s’acquittait magnifiquement des liturgies

  1. Sur les juges des dèmes, voir XVI 5 et LIII 1.
  2. Sans doute en 463 après le siège de Thasos ; cf. Plutarque, Cimon XIV.
  3. Cf. Thucydide II 2, 1.
  4. Cf. Plutarque, Cimon X ; Cicéron, De officiis 64.