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puis, la quatrième année, on éloigna aussi ceux des autres qui paraissaient trop puissants ; et le premier frappé de l’ostracisme 485/4 parmi ceux qui ne touchaient pas à la tyrannie fut Xanthippos, fils d’Ariphron.  Deux ans après, sous l’archontat de 483/2 Nicodémos, quand furent découvertes les mines de Maronée[1] et que l’État eut retiré de l’exploitation cent talents de bénéfice, certains conseillaient de distribuer l’argent au peuple, mais Thémistocle s’y opposa : sans dire à quoi servirait l’argent, il conseilla de prêter un talent à chacun des cent plus riches Athéniens ; puis, si l’emploi était agréé, de porter la dépense au compte de la ville, et, dans le cas contraire, de recouvrer l’argent sur ceux qui l’auraient emprunté. Quand il eut reçu l’argent à ces conditions, il construisit cent trières[2], chacun des cent en construisant une ; ce fut avec elles que les Athéniens combattirent à Salamine contre les barbares. À ce moment-là Aristide, fils de Lysimachos, fut frappé de l’ostracisme.  La quatrième année après, les Athéniens rappelèrent tous ceux qui avaient été frappés d’ostracisme, sous l’archontat 481/0 d’Hypsichidès, à cause de l’expédition de Xerxès ; et pour l’avenir ils ordonnèrent aux ostracisés de séjourner au delà des caps Géraistos et Skyllaion[3] sous peine d’être définitivement privés de leurs droits politiques.


Le gouvernement de l’Aréopage.

XXIII. Jusqu’à ce moment donc l’État progressa et grandit peu à peu en même temps que la démocratie ; mais après les guerres médiques, l’Aréopage reprit de la force et gouverna la ville, sans s’être appuyé sur aucune décision régulière pour se saisir du pouvoir, mais parce qu’il avait été cause de la bataille de Salamine[4]. En effet, alors que les stratèges désespéraient de la situation et avaient proclamé que chacun se sauvât soi-même, l’Aréopage se procura de quoi distribuer huit drachmes à chacun et fit monter le peuple sur les vais-

  1. C’était la partie la plus riche des mines du Laurion (déjà en exploitation auparavant) située dans le dème de Bésa.
  2. Cf. Hérodote VIII 44 ; Thucydide I 14, 2 ; Plutarque, Thémistocle IV ; Polyen I 30.
  3. Le cap Géraistos forme l’extrémité S.-O. de l’Eubée, et le cap Skyllaion l’extrémité E. du Péloponnèse à l’entrée du golfe Saronique.
  4. Cf. Politique 1304 a 20, plus favorable à l’ensemble du peuple.