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aucune de leurs entreprises et, comme ils avaient fortifié en territoire attique Leipsydrion sur le Parnès, où vinrent les rejoindre quelques gens de la ville, ils en furent chassés par les tyrans après un siège. C’est pour cela qu’on chantait toujours après cette défaite dans les chansons de table :

« Hélas[1] ! Leipsydrion félon ! Quels hommes tu as fait périr, braves et nobles, qui ont montré alors de qui ils étaient fils ! »

4Comme ils échouaient donc dans toutes leurs tentatives, les Alcméonides prirent en adjudication la construction du temple de Delphes[2], ce qui leur donna des ressources pour se faire soutenir par les Lacédémoniens. Et la Pythie ordonnait toujours aux Lacédémoniens qui la consultaient de délivrer Athènes, si bien qu’elle décida les Spartiates, quoique les Pisistratides fussent leurs hôtes. Ce qui ne contribua pas moins à pousser les Lacédémoniens, ce fut l’alliance des Pisistratides et des Argiens.  Tout d’abord donc ils envoyèrent par mer Anchimolos à la tête d’une armée ; quand il eut été battu et tué grâce au secours amené à Hippias par Kinéas le Thessalien avec mille cavaliers, irrités de cet échec, ils envoyèrent par voie de terre le roi Cléomène avec plus de troupes. Après avoir battu la cavalerie thessalienne qui cherchait à l’empêcher d’entrer en Attique, il bloqua Hippias dans le mur Pélargique[3] et il l’assiégea de concert avec les Athéniens.  Pendant ce blocus, il arriva que les fils des Pisistratides qui cherchaient à s’échapper, furent pris. Aussi les Pisistratides capitulèrent-ils pour sauver leurs enfants ; ils emportèrent leurs biens en cinq jours et remirent l’Acropole aux Athéniens, sous l’archontat d’Harpaktidès. Ils avaient

  1. Strophe d’un type commun à un grand nombre de scolies attiques.
  2. Le temple de Delphes, incendié en 548, fut reconstruit grâce à une souscription ouverte dans tout le monde grec, à laquelle s’associèrent aussi des rois barbares, par exemple Amasis d’Égypte ; on admet généralement qu’il fut à nouveau détruit en 373 par un tremblement de terre et des éboulements, puis reconstruit (cf. Bourguet, Les ruines de Delphes, p. 253 et suiv.). Sur le rôle des Alcméonides, cf. Hérodote V 62-65 ; Isocrate, Sur l’Échange 232 ; Démosthène, Contre Midias 144 ; Philochore fr. 70. (Fragm. hist. graec. I, p. 395).
  3. C’était la partie O. des remparts de l’Acropole ; détruite alors, elle resta en ruines au moins jusqu’au iie s. après J.-C.