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CONSTITUTION D’ATHÈNES

dans ses poésies, et tous les autres auteurs en tombent d’accord. Donc il faut juger fausse cette accusation.


Constitution de Solon : les classes censitaires.

VII. Solon établit une constitution et publia d’autres lois ; on cessa de se servir de celles de Dracon, sauf de celles sur le meurtre. On grava les lois sur les tables mobiles[1], on les plaça dans le Portique Royal et tous jurèrent de les observer. Les neuf archontes, en prêtant serment près de la pierre, déclaraient qu’ils élèveraient une statue d’or s’ils en transgressaient quelqu’une ; c’est pourquoi ils jurent encore maintenant ainsi.  Solon fixa les lois pour cent ans et répartit le corps des citoyens de la façon suivante.  Il le divisa, d’après le revenu imposable, en quatre classes, comme auparavant : pentacosiomédimnes, chevaliers, zeugites et thètes. Il décida que toutes les charges seraient remplies par les pentacosiomédimnes, les chevaliers et les zeugites, à savoir les neuf archontes, les trésoriers, les polètes, les Onze et les colacrètes[2], donnant à chacun une charge correspondant à son cens ; mais aux thètes il ne donna que le droit de faire partie de l’assemblée et des tribunaux.  Devait être classé comme pentacosiomédimne celui qui sur sa propriété récoltait cinq cents mesures[3] de produits secs ou liquides, comptés ensemble ; comme chevaliers, ceux qui récoltaient trois cents mesures (certains disent : ceux qui pouvaient élever un cheval ; et ils donnent comme preuve le nom de la classe qui serait tiré de ce fait, et les offrandes des anciens ; car dans l’Acropole est dédiée une statue portant l’inscription suivante : « Anthémion, fils de Diphilos, a consacré cette image aux dieux quand il fut passé de la classe des thètes à celle des chevaliers » ; et auprès de l’homme est un cheval, témoignant que telle est bien la signification de la classe des chevaliers ; néanmoins il est plus logique que les chevaliers fus-

  1. Tablettes de bois où étaient inscrites les lois et qui, groupées par quatre, tournaient sur des pivots.
  2. Pour les archontes, voir chap. III, LVI-LIX ; pour les trésoriers et les polètes, chap. XLVII ; pour les Onze, chap. LII. Les colacrètes semblent avoir disparu à la fin du ve s.
  3. Médimne (51,84 l) pour les solides, métrète (38,88 l) pour les liquides. Plus tard une drachme fut considérée comme l’équivalent d’un médimne (ou métrète).