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CONSTITUTION D’ATHÈNES

jouissant de la plénitude de leurs droits. On tirait au sort ce Conseil et les autres magistrats parmi les citoyens âgés de plus de trente ans, et nul n’était deux fois magistrat avant que tous l’eussent été ; alors le tirage au sort recommençait comme à l’origine. Si un conseiller, lors d’une séance du Conseil ou de l’assemblée, manquait à la réunion, il payait, s’il était pentacosiomédimne, trois drachmes ; chevalier, deux ; zeugite, une.  Le Conseil de l’Aréopage était le gardien des lois et veillait à ce que les magistrats remplissent leurs fonctions conformément aux lois. Tout citoyen qui se prétendait victime d’une injustice pouvait déposer une dénonciation auprès de l’Aréopage en désignant la loi violée.  Les prêts avaient les personnes pour gages, comme je l’ai dit, et la terre était dans un petit nombre de mains.


L’archontat de Solon.

V. Comme la constitution était ainsi organisée et que la foule était l’esclave de la minorité, le peuple se révolta contre les nobles.  Alors que la lutte était violente et que les deux partis étaient depuis longtemps face à face, ils s’accordèrent pour élire Solon 592/1 comme arbitre et archonte[1] ; et on lui confia le soin d’établir la constitution, quand il eut fait l’élégie qui commence ainsi :

« Je le sais et, dans ma poitrine, mon cœur est affligé quand je vois assassinée la plus antique terre d’Ionie. »

Dans cette élégie, il combat et discute avec les deux partis dans l’intérêt de tous deux, et après cela il recommande aux uns et aux autres de mettre fin à leur dissension.  Solon était, par la naissance et la réputation, des premiers de la cité ; mais par sa fortune et par son rang c’était un homme de la classe moyenne, comme tous les autres auteurs en conviennent et comme lui-même en témoigne dans la poésie suivante où il déconseille aux riches l’arrogance :

« Vous, calmez dans votre poitrine la violence de votre cœur, vous qui êtes allés jusqu’au dégoût des plus grands biens ; amenez à la modération votre esprit orgueilleux ; car nous n’obéirons pas et tout ne vous réussira pas… »

  1. L’archontat de Solon se place en 592/1 selon Aristote, Suidas et saint Jérôme ; Diogène Laerce donne la date de 594/3.