Page:Aristote - Constitution d’Athènes, trad. Haussoullier et Mathieu, 1922.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
CONSTITUTION D’ATHÈNES

La constitution primitive.

III. L’organisation de l’ancienne constitution, antérieure à Dracon, était la suivante. On prenait les magistrats dans les familles nobles et riches. Les charges étaient à l’origine conférées à vie, plus tard pour dix ans.  Les plus importants et les plus anciens des magistrats étaient le roi[1], le polémarque et l’archonte. De ces magistratures la plus ancienne était celle du roi (elle existait de toute antiquité) ; en second lieu fut ajoutée celle du polémarque, parce que certains rois avaient été peu doués pour la guerre ; c’est pour la même raison que, pressés par la nécessité, les Athéniens avaient fait venir Ion[2].  En dernier lieu fut institué l’archontat. La plupart des auteurs prétendent qu’il fut créé sous Médon ; quelques-uns disent que ce fut sous Akastos et donnent pour indice que les neuf archontes jurent de prêter les serments « comme sous Akastos » ; ce serait donc sous ce règne que les Codrides laissèrent séparer de la royauté les privilèges accordés à l’archontat. Que ce soit sous l’un ou sous l’autre, il n’y a qu’une petite différence de temps. Mais que l’archontat soit la dernière magistrature instituée, la preuve en est que l’archonte n’a aucune des fonctions primitives, comme le roi et le polémarque, mais simplement les fonctions surajoutées ; aussi cette magistrature n’est-elle devenue importante que dans la période récente, quand elle a été renforcée par ces fonctions surajoutées.  Les thesmothètes[3] furent institués bien des années après, alors qu’on instituait déjà chaque année les archontes, et cela afin de rédiger et de publier les décisions ayant force de loi et de les conserver pour le jugement des conflits ; aussi est-ce la seule magistrature qui n’ait jamais duré plus d’un an[4].  Pour l’ancienneté, les magistratures se suivent donc ainsi les unes les autres. Les neuf archontes ne siégeaient pas tous au même endroit : le roi occupait ce qu’on appelle maintenant le Boukoleion, près du prytanée (en voici la preuve : encore maintenant c’est là qu’ont lieu l’union et le mariage

  1. Pour le roi, cf. chap. LVII, le polémarque, chap. LVIII, l’archonte, chap. LVI.
  2. Ion, fils d’Apollon et de Créuse (cf. Euripide, Ion).
  3. Pour les thesmothètes, voir chap. LIX.
  4. Cf. Politique 1270 b 39.