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scélératesse. Ils envoyèrent une ambassade à Lacédémone pour accuser Théramène et demander du secours : les Lacédémoniens les écoutèrent et leur envoyèrent comme haut commissaire Callibios[1] avec sept cents soldats environ qui tinrent garnison dans l’Acropole.


Rétablissement de la démocratie.

XXXVIII. Puis quand les gens de Phylé eurent occupé Munichie et eurent vaincu en bataille rangée ceux qui s’étaient portés contre eux avec les Trente[2], les gens de la ville, de retour après l’engagement, se réunirent le lendemain sur l’Agora et renversèrent les Trente ; ils élurent alors dix citoyens avec pleins pouvoirs pour mettre fin à la guerre. Mais ceux-ci, après leur entrée en fonctions, ne firent rien de ce pour quoi ils avaient été élus, et ils envoyèrent une ambassade à Lacédémone pour solliciter du secours et un emprunt[3].  Comme les citoyens supportaient difficilement ces actes, les Dix, craignant d’être renversés et voulant épouvanter les autres (ce qui arriva d’ailleurs), arrêtèrent et firent mettre à mort Démarétos, l’un des principaux citoyens ; et ils tinrent fermement le pouvoir avec l’aide de Callibios, des Péloponnésiens présents et aussi de certains des chevaliers[4]. Car c’était parmi eux plus que parmi les autres citoyens qu’on s’opposait au retour des gens de Phylé.  Mais quand les occupants du Pirée et de Munichie, à qui passait tout le parti démocratique, l’emportèrent dans la guerre, on destitua les Dix élus en premier lieu et l’on élut dix autres citoyens considérés comme les plus honnêtes[5]. Ce fut sous leur magistrature, avec leur aide et leur appui que fut conclu l’accord et que le parti démocratique revint à Athènes. Les principaux d’entre eux étaient Rhinon de Paiania et Phayllos[6] d’Acher-

  1. Cf. Plutarque, Lysandre XV.
  2. Critias fut tué dans ce combat ; cf. Xénophon, Helléniques II 4, 11-19.
  3. Cf. Lysias, Contre Ératosthène 54-57.
  4. L’hostilité du peuple contre les chevaliers durait encore lors de l’expédition de Thibron en Asie. Cf. Xénophon, Helléniques III 1, 4.
  5. Cf. Xénophon, Helléniques II 4, 29 ; Lysias, Contre Ératosthène 54-59.
  6. Phayllos n’est pas cité ailleurs.