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publiques et de plus entretenait beaucoup de gens de son dème : chacun des Lakiades pouvait venir chaque jour le trouver et obtenir de lui de quoi suffire à son existence ; en outre aucune de ses propriétés n’avait de clôture afin que qui voulait pût profiter des fruits.  Périclès, dont la fortune ne pouvait subvenir à de telles largesses, reçut de Damonidès d’Oié (qui passait pour inspirer la plupart de ses actes et fut plus tard frappé d’ostracisme pour cette raison) le conseil de distribuer aux gens du peuple ce qui leur appartenait, puisque sa fortune personnelle était insuffisante ; et il institua une indemnité pour les juges.  C’est depuis ce moment, à en croire les plaintes de certains, que tout a été plus mal, parce que les premiers venus mettaient plus d’empressement que les honnêtes gens à se présenter au tirage au sort. C’est aussi après cela que commença la corruption des juges dont Anytos donna le premier exemple après sa stratégie exercée à Pylos[1] : accusé par certains pour avoir perdu Pylos, il acheta le tribunal et fut acquitté.


Les chefs des partis au vie et au ve siècles.

XXVIII. Tant que Périclès fut à la tête du parti démocratique, la vie politique fut assez honnête ; mais après sa mort elle devint bien pire. C’est qu’alors pour la première fois le parti démocratique prit un chef qui n’avait pas bonne réputation parmi les honnêtes gens ; auparavant c’étaient toujours les honnêtes gens qui dirigeaient le peuple.  En effet, dès le début, le premier chef du parti démocratique fut Solon, le second Pisistrate ; tous deux faisaient partie des nobles et des notables ; après la destruction de la tyrannie, ce fut Clisthène, de la famille des Alcméonides, et il n’eut plus d’adversaire après l’expulsion d’Isagoras et de ses partisans. Ensuite le chef du parti démocratique fut Xanthippos, celui des nobles Miltiade ; puis ce furent Thémistocle et Aristide. Après eux Éphialte fut chef du parti démocratique, Cimon, fils de Miltiade, chef des riches ; puis Périclès fut chef du parti démocratique, Thucydide, allié de Cimon, chef de l’opposition.  Après la mort de Péri-

  1. Sur le procès d’Anytos (409) cf. Diodore XIII, 64, 8 ; Plutarque, Coriolan XIV. Sur son rôle en 404, cf. XXXIV 3. Anytos fut l’un des accusateurs de Socrate.