Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA HUPPE.

Mais, certes, c’est de leurs ennemis que les sages apprennent le plus. La prudence sauve tout. D’un ami on n’a rien à apprendre ; un ennemi vous y contraint. Et d’abord les cités ont appris de leurs ennemis, et non de leurs amis, à bâtir des murailles élevées, à construire des vaisseaux longs : et cette science sauve nos enfants, notre ménage, notre avoir.

LE CHŒUR.

Eh bien ! écoutons leurs paroles, c’est notre avis : nous y trouvons avantage ; on peut entendre quelque sage conseil de la bouche même de ses ennemis.

PISTHÉTÆROS.

Ils ont l’air de se relâcher de leur colère. Retire ta jambe en arrière.

LA HUPPE.

C’est justice, et vous m’en devez de la reconnaissance.

LE CHŒUR.

Non, jamais jusqu’ici, en aucune affaire, nous ne t’avons été opposés.

PISTHÉTÆROS.

Plus pacifique est leur conduite envers nous. La marmite et les deux plats, pose-les à terre. La lance ou plutôt la broche en main, promenons-nous à l’intérieur du camp, l’œil sur la marmite, et de près, car il ne faut pas fuir.

EVELPIDÈS.

À merveille ; mais, si nous mourons, en quel endroit de la terre serons-nous enterrés ?