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À la suite de cette conférence, Hébrard, lithographe, et Tranier, tailleur d’habits, organisèrent une réunion, rue Alsace-Lorraine et jetèrent les bases des syndicats.

L’Union de ces syndicats siégea, allées Lafayette, 10 bis, dans un immeuble loué par les corporations. Il y en avait trente six. Chaque chambre payait, au prorata de ses adhérents, loyer, correspondance, éclairage, fournitures de cours professionnels. Les dépenses dépassèrent les prévisions. L’Union des syndicats se retira rue Constantine.

Aux élections municipales, l’Union prit part à la lutte et désigna quatre candidats : Tranier, Carrère, Jacob, Navarre. Ils échouèrent. On tira vengeance de leur entreprise légitime. À propos d’une quittance de loyer impayée, « l’adjoint à la police fit saisir le mobilier syndical pour gage de cette dette. » La désagrégation du personnel suivit la mésaventure du mobilier, dont les épaves se reléguèrent dans des caves et des hangars.

Ce qui avait surtout contribué à l’émiettement des syndicats de la rue Constantine, c’était la grève des typographes. L’Union, voulant intervenir entre patrons et salariés, avait créé une caisse de résistance. Chaque corporation, d’après les statuts, versait un sou par membre et par semaine. Cela produisit une première réserve. La caisse devait avancer aux grévistes, qui ensuite avaient l’obligation de rembourser les sommes prêtées. Les circonstances empêchèrent sans doute les typographes d’exécuter cet engagement. La caisse de résistance se trouva épuisée et ne put utilement intervenir dans la grève des imprimeurs d’indiennes. Le découragement succéda aux humiliations du mobilier saisi ; les syndiqués se dispersèrent après avoir, dans cette première tentative d’un groupement des forces ouvrières, déployé un grand courage et montré un véritable sentiment de solidarité.

La loi de 1884 sur les syndicats ranima l’espoir des ex-