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préface

pilori vengeur de la postérité. Bref, nous avons étudié notre histoire locale et nationale en bons français, en excellents Toulousains, faisant comme il convenait la part à l’ignorance et aux préjuges du Moyen-Âge, mais sans cesser de maudire les bourreaux qui entravèrent la marche de l’humanité vers son affranchissement.

Chaque événement étant ainsi réduit à sa juste proportion, chaque homme estimé à sa valeur, nous avons voulu que notre Toulouse tant éprouvée, si méritante, fût mise dans le relief qui convient au génie de la race, aux mœurs généreuses des habitants, à son passé glorieux tout fait d’amour passionné de soleil et d’indépendance.

Avons-nous réussi dans cette apothéose du foyer natal ? C’est ce que décidera l’opinion publique. En tous cas, nous déclarons hautement que nous n’eûmes jamais qu’une prétention — c’est de n’avoir rien inventé.

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Toulouse Palladienne rayonna toujours sur la France entière par le culte de la littérature et des arts. Les superbes monuments, qui nous entourent, redisent avec éloquence le génie des aïeux ; mais il semble que, pour l’interpréter plus fidèlement, il faut recourir au langage familier qui traduisait alors leurs aspirations merveilleuses. Notre sans rival Goudouli parlait français aussi correctement que Malherbe ; mais il préféra écrire en lengo moundino, pour conserver, dans son originalité pittoresque, le sentiment intime des joyeux habitants de la terre toulousaine. Le patois que nous aimons, pour l’avoir appris aux baisers de la lèvre maternelle, ne doit pas être relégué dans un méprisant oubli. Par lui nous pénétrons plus avant dans la pensée des prédécesseurs et nous continuons avec plus de vérité les mœurs, les usages, les traditions qui leur valurent un si beau renom.