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SODOME.

ment, sans nuls soucis, dans ce pays tranquille ; il travaillerait, penserait et prierait.

Il prierait : ses idées religieuses, depuis dix années qu’il avait quitté Juilly s’étaient précisées : elles furent chez lui le résultat d’une éducation pieuse, de dispositions naturelles peut-être plus que le fruit des réflexions ; mais celles-ci n’étaient pas étrangères, surtout depuis peu de temps, à une dévotion tous les jours croissant.

Il avait rencontré sur son chemin bien des religions, bien des cultes : il avait trouvé chez tous un lien commun, d’abord dans le Zend-Avesta, puis dans la Bible. Le Coran aussi, avec ses précautions naturelles si prudentes, lui apparaissait comme une autre forme d’un catéchisme aussi ancien.

Il avait vu des indifférents emportés dans le tourbillon des soucis vides de pensées.

Il avait vu des croyants, de rares prêtres catholiques, de plus nombreux bramines, et ceux-là lui avaient paru plus heureux encore dans leur ignorance mais dans leur foi, dans leur insouciance mais leur confiance.

Les bramines surtout le frappèrent par l’exagération de leur hystérie et l’omnipotence de leur volonté ; il les avait vus, galvanisés par un désir