Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
SODOME.

qui l’avait tuée, il s’était éloigné : tout d’abord, il songea fermement à faire profession dans une chartreuse ou une trappe.

La trappe, surtout, l’attirait avec son éternel silence et son mutisme parfait ; puis, il se dit, plus sagement, que la règle peut-être lui pèserait bien vite et que, peut-être aussi, il retrouverait là, dans une concentration terrible, les petites petitesses du monde qu’il voulait fuir ; et puis, encore, il sentait en lui que sans doute il voulait vivre seul étant dégoûté de tous les gens qu’il avait rencontrés déjà, mais, dans une solitude à deux, une solitude avec un autre lui-même qu’il finirait peut-être par trouver, car, tout seul, la solitude l’effrayait…

Cependant on était arrivé à la lisière du parc : un petit belvédère formant kiosque dominait la campagne. Le vieux mineur le pria de monter pour voir la vue. Devant les yeux s’étendent, avec une monotonie charmante, des champs, et, tout au loin, à l’horizon des bois sombres : pas une habitation, le silence absolu.

La plaine est nue et parfaite jusque vers Maubeuge.

Sans doute, dans ses pérégrinations au travers de tant de pays, Jacques avait rencontré des retraites bien séduisantes, mais elles furent