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LA RETRAITE.

tite maisonnette très basse présentent les vestiges délabrés d’une construction qui dut précéder.

Le parc de quinze ou dix-huit hectares avec de très grands vergers environnants, une pièce d’eau très sale du reste, pouvait expliquer un peu l’ambitieuse dénomination de château.

Longeant la pâture, Soran, avec son guide qui semblait bien plutôt un débris d’une gargouille descendue de la vieille chapelle, examinait.

C’est bien là une retraite : aucun bruit n’arrive du dehors, les grands arbres avec leur verdure un peu sombre semblent appeler et favoriser les réflexions : très doucement une brise subtile ride la surface de l’eau qui coule lentement avec un clapotis timide rythmant les pensées.

Des souvenirs le hantaient ; il se trouvait bien vieux avec son peu d’années et il était heureux de ressaisir les anciennes impressions jeunes du si doux jadis qu’il avait vécu à Juilly.

Il venait de voyager beaucoup et très vite, n’ayant pas, pourtant, le goût des voyages ; casanier plutôt : il l’eût été si volontiers : n’avait-il pas rêvé autrefois de s’abstraire du monde tout à fait ?

Mais il avait toujours hésité, se défiant de lui-même : après la mort de sa mère, sous l’impression plutôt physique et brutale de l’accident