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LA RETRAITE.

Il y avait là une vieille construction, assez vieille, mais en très bon état. Devant, au bout de l’allée bordée de grands arbres qu’il avait vue tout d’abord, une vaste cour, sorte de jardin plutôt, avec une grande pelouse : de chaque côté, les communs et la loge du concierge. Les seuls rideaux de celle-ci et les volets fermés de la maison témoignent que, sans doute, à en juger par les brins d’herbe entre les pavés et à voir les arbustes mal taillés de la pelouse, elle est inhabitée depuis longtemps.

Avec des idées vagues, Jacques sonna : un vieux bonhomme, l’air ahuri, arriva, et, sans trop de peine, grâce à des expressions très simples, Soran se fit comprendre.

Il apprit que le château de Noirchain, comme disait le vieux, avait appartenu pendant longtemps à une vieille fille qui ne l’avait jamais habité, se contentant de transformer le parc, qu’il allait voir tout à l’heure, en pâturage, les écuries en étables, et qu’elle avait toujours refusé de le vendre : depuis quelques mois, la vieille était morte. Elle laissait un unique héritier, habitant Paris, très Parisien, qui attendait l’occasion de s’en défaire, laissant le domaine abandonné sous la garde du concierge, habitant là avec sa femme et sa fille.