Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
LA RETRAITE.

dans les ruisseaux ; blonds pour la plupart, avec des têtes de chérubins un peu nègres : beaucoup d’enfants ; le mineur, c’est son seul plaisir, est très prolifique : n’est-ce pas aussi le sort commun, qu’il naisse beaucoup de malheureux ?

Tous ces enfants sont très beaux.

Voici venir des mineurs ; ils ont passé dix heures à un demi-kilomètre sous terre : les femmes d’abord ; leurs cheveux blonds entourés d’un filet qui retient la poudre charbonneuse semblent plutôt châtains ; de fortes mamelles ignorantes du corset fluent un peu sous la blouse et des mollets nerveux d’hommes apparaissent au bas d’un pantalon court ; puis des ouvriers aux allures plutôt moins robustes : le dur travail qui développe les unes étiole les autres.

Les visages qui furent beaux se sont épaissis d’anémie : et, à leurs yeux brillants dans ce teint sombre et très étonnés de la lumière, on dirait plutôt de bêtes rôdant : tous ces gens ne parlent pas, ils n’ont rien à se dire et sont très fatigués.

Presque à chaque maison, un estaminet : aussitôt mariées, les femmes ne descendent plus à la mine ; elles s’occupent du ménage et des enfants et se leurrent d’un petit bénéfice en débi-