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L’ENFANCE.

Jacques avait dû d’abord donner son nom et son adresse, puis il eut un désir très net de se jeter sous une voiture, mais il tomba évanoui et on l’emporta aussi.

Le pharmacien, très ennuyé de cet encombrement, préparait néanmoins des bandelettes de diachylon et des compresses de gaze phéniquée.

On attendit longtemps que les gens, à la porte, fussent partis et Jacques, revenu à lui, suivit le déjà funèbre cortège et rentra rue du Bac.

Une heure après le médecin de la famille arriva : avec des circonlocutions très embrouillées il annonça à Jacques que l’amputation des deux jambes était indispensable, le seul espoir même, bien faible espoir de sauver sa mère.

Il refit un pansement complet, écrivit une ordonnance, sur la prière de Jacques, pour enlever au moins la douleur, et après avoir annoncé que l’opération aurait lieu le lendemain matin, il s’en alla dîner tranquillement.

Jacques sanglota longtemps dans un fauteuil, puis il finit par s’endormir.

Quand il se réveilla, sa mère était morte.