Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
L’ENFANCE.

Jacques rencontra quelques camarades : les uns, ceux de l’autre côté de l’eau, très corrects, le saluèrent avec un respect exagéré pour sa mère qui le choqua ; les autres, les braves garçons pas poseurs, les Méridionaux surtout, l’accueillirent d’un simple : « Adieu, Soran ! » qu’il trouva court.

Sa mère rayonnait.

Il l’entraîna rapidement dans un endroit moins répugnant, et ils sortirent enfin sur la rue de Vaugirard.

Elle s’appuyait sur son bras, fière de ce beau garçon et, en ce moment, après ce chaud soleil, le bruit de cette foule qui l’avait grisée, ces couples d’amants qu’elle avait vus glissant parmi les arbres, à l’écart, elle était amoureuse de son fils, et heureuse si quelques-uns, en les voyant ainsi, la pensaient sa maîtresse.

Même, un moment, elle l’embrassa, là, dans la rue, et rougit d’aise aux chuchotements des passants.

Ils traversèrent la rue Bonaparte, au carrefour, près de Saint-Sulpice.

À cette heure, les voitures sont nombreuses, et, au grand trot, se dirigent vers la gare Montparnasse ou reviennent au centre de Paris.

Un fiacre arrivait très vite : Jacques retint