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L’ENFANCE.

vanité de collégiens émancipés, empilaient des soucoupes et commençaient à faire du bruit. Les clients, peu à peu, apparaissaient : d’abord, de vieux habitués, venant très bourgeoisement prendre un « demi » après avoir travaillé un peu. Ils entraient lentement, cherchant machinalement leur place habituelle, contrariés s’ils ne la trouvaient pas libre ; ils s’asseyaient, et, déjà, les pipes ennuageaient l’air.

Puis des gens arrivaient de Bullier, le chapeau en arrière, fermant la porte avec bruit, d’aucuns ayant des femmes au bras.

Le tapage alors naissait vraiment.

C’étaient des entre-croisements de bruits de chaises, de : « Garçon, un bock ! » de : « Bonjour, mon chéri, qu’est-ce que tu paies ? » Les nouveaux amis de Soran, ayant retrouvé là beaucoup de connaissances, ne parlant même plus de choses indifférentes, gueulaient à tue-tête des chansons sales. Soran… un peu choqué d’abord, les trouva bons enfants et il ouvrait de grands yeux pour mieux entendre. Un groupe, à côté, des Méridionaux, avec de fortes voix de ténors, se distinguaient surtout. L’un avait entonné la Marseillaise, puis, comme le premier mot du second couplet échappait, on commença un cantique avec un rythme de café-concert. Jacques fut…