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L’ENFANCE.

hâves de bohèmes, ou d’autres élégants comme des garçons de café déjà un peu entrevus ; et puis, non des collégiens, des potaches : Girauds déjà à femmes, avec des tuniques serrées, et des poses : fumant dans les cabinets et lisant des journaux.

Deux années se passèrent, longues. Après le baccalauréat obligatoire, la porte de fer se rouvrit et Jacques eut comme la sensation d’entrer dans la vie : il se redressa fier, étudiant. Sa mère alors l’eut tout entier à elle ; docilement, bien que n’en sentant pas le besoin, il prit des inscriptions à l’École de droit, « pour avoir un titre », sur le conseil de son tuteur, bourgeois plein de bon sens. Il suivit les cours et goûta peu les controverses. Le droit romain avec ses solennités et ses rigueurs logiques de talion l’amusa cependant un peu et il fut assez assidu à l’École.

Là, il fit des connaissances. Des beaux messieurs bien mis venaient avec des serviettes sous le bras : les favoris absents, taillés à l’uniforme, ils semblaient déjà des magistrats et ils faisaient de grands gestes. Ils parlaient beaucoup de l’avenir et « d’arriver » et, dans la rue, discutaient encore des points de droit. Jacques, un jour, donna son avis ; spontané et sincère, il