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L’ENFANCE.

sur le passage des petits : tantôt c’était une leçon de piano ou de gymnastique (il prenait toutes les leçons particulières possibles), qui lui permettait de traverser le parc ou les cours ; les jours de fête, il chantait à l’orgue à côté des soprani ; il était souvent malade, à l’infirmerie, et jamais on ne le trouvait dans sa salle : mais, à seize ans, comme un vieil aberré passionnel, il rôdait, et c’était miracle qu’on ne l’eût pas encore exclu pour immoralité.

Dans ce billet, il donnait rendez-vous à Jacques pour le soir, dans le parc, près de la chapelle, et il terminait en « l’embrassant sur ses beaux yeux bleus ».

Soran fut très troublé. Bien souvent sa mère l’embrassait ainsi ; mais, de la part de Giraud, cela l’étonnait et le faisait rougir.

Il déchira le papier pendant que le jeune entremetteur, gamin à la mine hypocrite, s’en allait, l’air narquois.

Jacques hésita toute la journée : le soir, la curiosité fut plus forte, et, en quittant l’abbé Gratien, il attendit Giraud : en quittant l’abbé Gratien qui, comme il avait accoutumé, l’embrassa lui disant : « Adieu, Jacques, soyez bien sage ! »… Mais aussi, pourquoi le dictionnaire élucubré pour l’usage des enfants l’avait-il