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SODOME.

manda des détails ayant peut-être trop de sollicitude, et Jacques se livra entièrement à lui. Il avait surpris dans la sacristie des conversations de grands et des sourires l’avaient étrangement frappé ; son imagination s’était exaltée, et, le soir, sous les draps, il ne s’endormit pas sans rougir. Jacques dit toutes ces choses, mais le mal n’existait pas encore ; l’abbé, par ses questions zélées, fit le reste. Il lui recommanda d’être bien sage et le quitta, comme d’habitude, en l’embrassant.

La première année scolaire se passa ; Jacques eut le prix de catéchisme ; il s’en alla en vacances. Il avait revu souvent, les jours de sortie, l’appartement de la rue du Bac. Il le retrouva sans joie ; mais il n’y resta pas longtemps. Son père avait loué pour l’été une maison au bord de la mer, près de Boulogne ; il quitta pour quelque temps ses nombreux clients et tous trois ils s’en allèrent là-bas. Les vacances furent ce qu’était sa vie autrefois, monotones et tristes. Il eut cependant quelques distractions : les bains et les grandes promenades. Tous les matins, auprès de son père, Jacques travaillait un peu ; mais il était gêné avec lui et n’osait lui faire toutes les questions dont il accablait son ami l’abbé. Avec sa mère, l’intimité avait augmenté et, soit dans le