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L’ENFANCE.

senteur d’encens et de cierges, le parfum des sacristies et du prêtre montaient dans la nef ; le dernier soupir du soleil mourant traversait les antiques verrières peintes longuement par le Temps ; dans le fond, en haut, derrière lui, s’élevaient lentement comme une brume matutinale au sein de ce mystique crépuscule, les lents accords unitonaux des vieux chants grégoriens. Devant, à l’autel, le prêtre donnant le salut, les mains jointes, agenouillé ; et l’enfant n’avait pas de grandes pensées sur les mystères, mais il se baignait dans une atmosphère de voluptueuse dévotion ; et cette religion, aux manifestations si réelles, l’acquérait, en ce moment, par son extérieur.

Jérusalem ! Jérusalem ! Convertere ad Dominum Deum tuum !


chantaient les voix ; et ces longues finales martelées étaient pour lui comme un appel venant de quelque nue inconnue et il s’y laissait aller sans raisonner toute cette mystique séduction.

On s’agenouilla.

Le prêtre, debout, les bras levés, montrait un symbole à l’adoration des fidèles, et sous les notes tintinnabulantes du carillon agité par l’enfant de chœur, tous ces gamins baissaient la tête……