Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
L’ENFANCE.

tout, car tout lui était nouveau, il était muet et il fut parfait, suivant la discipline.

Ce fut presque un ennui pour lui, lorsque sa mère, le premier jeudi du mois, jour de congé, vint le voir : il ne savait que lui dire, mais le premier moment passé, il l’embrassa beaucoup, car il était privé de caresses depuis un long mois. Il lui promit de bien travailler, d’être sage, comme il l’avait déjà fait en la quittant, la première fois, et il entrevit dans ses recommandations comme une grande mélancolie et une grande tristesse et il se rappela les paroles de son père : il lui parut qu’il devait bien aimer sa mère et il la couvrit d’amoureux baisers : ils pleuraient tous deux lorsqu’ils se quittèrent.

C’était maintenant, surtout, que sa mère commençait à l’aimer, maintenant qu’il était au loin. Quand elle l’avait auprès d’elle, il lui semblait un obstacle entre elle et son mari, une preuve trop frappante pour lui de l’union qu’il regrettait. Et puis elle en était jalouse : ce fils qu’elle avait fait, allait devenir instruit comme son père et elle resterait ignorante et elle en rougissait ; et cela n’allait pas sans un peu d’amertume contre son fils.

Mais quand il ne fut plus là, qu’elle fut seule avec son mari, l’amour maternel se réveilla entier