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L’ENFANCE.

Jacques avait dix ans. Il ne pleura pas quand on le mit en pension. C’était à une heure de Paris, en pleine campagne, chez les Oratoriens. En quittant le souterrain de la rue du Bac, il arriva avec son père, au mois de septembre, au collège de Juilly. Cette nouvelle existence lui souriait comme un inconnu souhaitable. Il vit d’abord un grand parc ; des allées longues et larges, et, au milieu, un vieux monastère. Sur les arbres, l’automne a mis sa rouille et un grand calme règne là : c’est encore le silence, mais le silence au grand air.

Ils traversèrent tous deux les premiers jardins et entrèrent chez le supérieur. D’abord celui-ci embrassa Jacques et ce baiser semblait lui promettre de bonnes paroles, une bonne amitié ; il le prit par la main, et tous trois ils descendirent dans le parc.

Là, un immense marronnier devant un étang où l’on se promène en barque et l’on se baigne l’été ; plus haut, des pelouses pour les récréations. À côté, toujours au grand air, le manège. « Nous voulons avant tout des enfants heureux, dit le supérieur ; c’est le moyen sûr de les rendre bons ; nous souhaitons qu’ils s’amusent pour qu’ils ne désirent pas des amusements. Nous les amenons à l’amour du bien par les caresses et la persua-