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SODOME.

médecin était nécessaire et, prétextant qu’un de ses amis venait en Belgique, il demanda pour lui à Jacques une hospitalité de quelques jours. Bientôt un aliéniste de Paris, prévenu, arrivait à Noirchain. Jacques, ne pouvant soupçonner sa qualité, le reçut très aimablement. Le médecin l’étudia attentivement et le résultat de cet examen ne put être douteux : le malade était atteint de paralysie générale, et il fallait l’interner au plus tôt. Laus entendit cet arrêt et son cœur se serra affreusement, quand il apprit que son ami était perdu.

La difficulté était d’emmener Jacques à Paris ; elle fut résolue d’une horrible façon. Il eut un jour un accès de délire d’une violence inouïe et Laus eut cette douleur d’aider le vieux garde et le médecin à mettre à Jacques une camisole de force apportée de Paris à tout hasard. Le voyage fut navrant, et Laus ne put revoir sans pleurs la gare où, quelques mois avant, triste sans doute, mais le cœur plein d’espoir, il était arrivé à Noirchain, avec un ami qui le chérissait et qu’il aimait, et dont aujourd’hui il emportait le cadavre, plus attristant encore du peu de vie qui lui restait.

Laus n’avait pu obtenir du médecin de garder Jacques auprès de lui : la réclusion était néces-