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SODOME.

fois par le souvenir d’Elle, par son amour pour Laus, par l’obsession de sa femme.

Un matin Jacques, comme à l’accoutumée, se leva de bonne heure et s’en fut par la campagne. Il fit sa promenade habituelle dans tous les endroits chéris qu’il avait vus avec Elle et enfin, il entra dans la maison qu’Elle avait habitée. Là, son amour revint plus intense que jamais et, voulant revoir son image, il rentra à Noirchain pour embrasser et caresser Laus.

Il monta à la chambre d’Henri et, à cette pensée de le voir, il le voyait pourtant tous les jours, il tressaillit de bonheur et il entra chez Laus.

Comment dire ce qui se passa alors ?… Sur le lit, Henri et Adèle, étroitement enlacés, leurs deux corps ne faisant qu’un seul corps, leur souffle s’unissant, leur sang se mêlant, absorbés l’un dans l’autre, ne purent entendre Jacques. Celui-ci, un instant hébété, eut un sourire de suprême douleur : il reput ses yeux de ce spectacle qui lui arrachait encore ses dernières espérances et il sentit une haine atroce contre celui qui le trompait.

Il prit, sur la table, des ciseaux, et lentement, avec des précautions infinies, dans toute la férocité de l’amour, il s’approcha du lit…

Les deux enfants ne pouvaient l’entendre.