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LA CHUTE.

lui aussi, plus que tôt, et voyant devant lui une vie lentement douloureuse.

La maladie, doucement, évoluait en Jacques, mais avec des symptômes très ténus encore. Souvent même, il pouvait paraître absolument indemne et il ne se rappelait pas alors ses mauvais jours. Dans ce cas, son esprit récupérait toute sa force d’autrefois, mais le corps souffrait et la marche était pesante, les doigts inhabiles, la parole hésitante. Il venait alors auprès de Laus, le caressant comme jadis, voulant peut-être, dans ces moments, le caresser plus encore ; puis, brusquement, il donnait les marques du plus profond désespoir et, se jetant aux pieds d’Henri, il implorait son pardon. Laus le consolait :

— Oh ! mon cher Jacques, disait-il, vous savez combien je vous aime !…

— Taisez-vous, malheureux enfant, cet amour est défendu. Je ne dois aimer que ma femme… Vous me conduirez demain auprès d’elle.

Pour la première fois Jacques parlait de Berthe Gouvaut, et il revoyait, dans ses hallucinations, la pauvre désolée. Mais ces remords n’avaient pas de suite et c’était dans son esprit le chaos absolu, dans son esprit hanté tout à la fois par-