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SODOME.

frappait maintenant. Il y avait dans tout cela un mystère qu’il voulut éclaircir. Laus résolut de parler habilement à la fille du vieux Borain qui, peut-être, pourrait le renseigner. Comme il rentrait, celle-ci précisément rangeait dans sa chambre : d’un air indifférent il s’enquit de ce qu’était le propriétaire de la maison que venait d’acheter Jacques. Il apprit que celle-ci, deux ans auparavant, était louée à une jeune fille qui l’habitait avec son père.

— Et, dit Laus, Monsieur les connaissait sans doute ? La jeune fille était-elle jolie ?

— Oh ! dit naïvement la servante, elle était très belle ! J’ai cru même que vous étiez son frère tant vous lui ressemblez. Elle venait souvent ici voir Monsieur, et un jour, elle a quitté le pays brusquement…

Adèle avait bien envie de causer un peu et elle jetait à Laus un regard timidement provocateur, faisant des mines de paysanne éprise.

Laus pressentait la vérité : il soupçonna que Soran, ici, avait eu une maîtresse qu’il aimait beaucoup et qu’il avait perdue pour une raison qu’il ne pouvait comprendre : de là sans doute venait sa tristesse, peut-être même la maladie qui le frappait. Cette ressemblance avec lui-même pouvait expliquer en partie son affec-