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LA CHUTE.

sur le banc de pierre où un jour il s’assit auprès de Jacques. Celui-ci était là, et avec une tendre indiscrétion Henri l’épia. Il était affaissé, immobile et, se levant bientôt, il montra à Laus, qu’il ne pouvait voir, un visage abattu. Un moment, de grosses larmes coulèrent de ses yeux et au milieu de paroles inarticulées, Laus distingua ce mot : « Elle ! Elle ! »

Soudain, d’une main démente, Jacques arracha son vêtement et, le regard hagard, le corps secoué, il se livra à un onanisme insensé, cependant que Laus, comprenant maintenant la névrose terrible, s’enfuyait, fondant en larmes.

Il réfléchit longtemps, et il vit que l’état de Jacques était grave. Il chercha à s’expliquer cette scène et il lui revint à l’esprit certaines étrangetés de Soran auxquelles il n’avait pas pris garde autrefois. Il se rappela que, souvent, il l’avait emmené auprès de ce banc et que là, se pressant contre lui, il l’avait regardé de manière bizarre ; ç’avaient été encore, dans le kiosque, sur le divan, des attitudes incompréhensibles et des caresses outrées. Parfois aussi, il l’avait accompagné, là-bas, dans un petit champ où Jacques s’arrêtait, tristement rêveur. L’acquisition de cette maison voisine, sans aucune valeur pour le but qu’avait prétexté Soran, le