Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.
267
LA CHUTE.

qu’il se passait en lui quelque chose de terrible. Il avait assisté déjà à la déchéance de son esprit très lente, et il lui semblait que son corps aussi lui échappait, que tout son être enfin se soustrayait à lui-même… Mais, ce jour de printemps, le soleil arriva très gai et, passant sur son cœur en détresse, il le réchauffa et les grises mélancolies s’en allèrent. En une journée, il perdit le bonheur, puis le ressaisit : c’est redire toute sa vie, mais cela fut ainsi. Une chose nouvelle cependant intervient, c’est tout son corps s’affalant après que ses facultés s’étaient échouées, complétant ainsi l’anéantissement d’un homme.

Il n’y eut d’abord que des troubles vagues, perceptibles très peu : ses membres, quelquefois, se refusaient à le servir, mais, dans un instant très court de lutte, cette incoordination ne pouvait s’apercevoir ; puis elle s’effaça et Jacques apparut le même qu’il fut jadis. Laus assistait à ce spectacle et il eut (à son âge !) la divination que cette tentative mal définie de Soran, quand ils remontèrent de la mine, était le symptôme d’une maladie qui voulait tout le respect, et il fut assez grand pour être indulgent. Lui aussi, était triste parfois, car l’amitié si élevée ne l’avait pu guérir d’un amour vulgaire, mais le premier.