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SODOME.

avaient fait de lui un criminel, quand tout en lui était haut et grand. Jacques parla longuement et, peu à peu, sa parole eut moins de fermeté, sa voix trembla, et un ou deux mots même furent mal prononcés. Laus ne prêta guère d’attention à ce détail et, entraînant Jacques, il voulut encore fondre leurs deux cœurs dans une hymne de joie et de repentir. Ils s’assirent tous deux à l’orgue.

Laus, cette fois, avait préludé dans un cantique magnifiquement joyeux : Jacques, à côté de lui, écoutait avec ravissement, et bientôt leurs mains, comme leurs cœurs, se touchèrent et s’unirent.

Mais tout à coup, qu’advient-il de Soran ? Ses doigts, mal assurés, ne trouvent plus les touches : ses yeux disent l’inspiration sublime qui est en lui et qu’il est impuissant à traduire. Il lutte, triomphe un moment, et quelques accords jaillissent comme le dernier cri d’un désespéré. Ses mains se sont raidies et, dans une lamentable obstination, il fait entendre une cacophonie atroce durant que Laus le contemple, atterré…

— Je suis trop ému, dit Jacques. Et ils descendirent. Ce fut une journée de leur vie, uniforme comme toutes les journées. Elle commença doucement triste, car Jacques comprenait