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LA CHUTE.

absolument inconscients ; leur unique souci était de ne pas éteindre la lampe qu’ils portaient. Au bout d’une heure ils arrivèrent avec satisfaction à une galerie très haute voisine du puits, et c’est presque avec regret qu’ils rentrèrent dans la cage. Cependant ce regret un peu vaniteux fit bientôt place au plaisir de revoir la lumière, et, quand ils sortirent du wagonnet, Laus déclara qu’il se trouvait plus tranquille ici.

Ils remercièrent l’ingénieur qui redescendait dans la mine et lui souhaitèrent bon voyage.

Un porion les reconduisit à la salle où ils s’étaient déshabillés. Ils trouvèrent là de grands baquets d’eau chaude, du linge et du savon et ils s’étonnaient de tout cet appareil, lorsqu’ayant enlevé leur veste de toile, ils virent leur corps couvert de charbon, ce à quoi ils n’avaient pas pensé. Laus, sous ce nouvel aspect, avec ses cheveux blonds couverts de poussière noire, ses yeux fardés comme une fille horrible, produisit sur Soran une impression indéfinissable. Tout ce qu’il y avait en lui d’instincts mauvais se réveilla. Ils s’étaient déshabillés et, dans un mouvement de luxure qu’il ne put dominer (essaya-t-il même de le dominer ?), il fit à Henri cette proposition, bien naturelle, de se rendre un service réciproque en se savonnant