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SODOME.

pareil moment lui sembla une lâcheté ; cette posture et le voisinage si intime de Laus l’excitaient étrangement et il se demanda si, en cas d’accident, dans la chute vertigineuse, il aurait le temps d’embrasser Henri. Il souleva sa lampe et éclaira le visage de son ami : celui-ci ouvrit les yeux et, dans ce clair-obscur blafard, il eut un sourire.

— Nous arrivons, cria l’ingénieur.

Quelques secondes après, la cage s’arrêtait, puis remontait un peu, et enfin restait immobile. Ils descendirent.

Il y avait là un espace très large, assez bien éclairé, sorte de poste central où aboutissent les wagonnets remplis de charbon, que l’on pousse dans la cage. Alors commença une excursion fatigante, car Laus, très curieux, voulut « aller partout ». L’ingénieur marchait le premier, leur expliquant avec des termes techniques les travaux qu’on faisait sous leurs yeux : ils n’écoutaient pas, regardant la nuit. Les premières galeries étaient très élevées et des chevaux pouvaient à leur aise y traîner des chariots. Bientôt, ils durent se baisser et, se cognant la tête à chaque instant, ils reconnurent l’utilité du lourd chapeau de cuir. Parfois ils rencontraient des ouvriers boisant les galeries ou des femmes