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L’ENFANCE.

faisant vivre son esprit, en cherchant à connoter l’impénétrable infini, et s’il ne vaudrait pas mieux boire, manger et dormir, bourgeoisement, sans penser…

« Mais, le pouvoir ! comme on serait heureux sans ces attaques de découragement qui vous empoignent et vous anéantissent ! Comme ils sont heureux ceux qui n’aiment pas le beau et que le laid n’écœure pas, et combien misérable ma nature que la moindre chose fait souffrir et que la vue de cette horrible caserne à côté de Notre-Dame remplit de tristesse ! Mais combien plus misérable elle serait sans ces tortures de l’esprit qui font oublier les autres… celles du cœur. »

Tout en songeant, Jacques avait traversé le pont Saint-Michel, passé derrière le Palais de Justice et il se trouvait dans la cour du Carrousel.

Dans cette crise de néant qui l’étreignait souvent, il ressentait comme une double courbature de l’esprit et du corps : il voulut tâcher de guérir au moins celle-ci, peut-être l’autre disparaîtrait-elle en même temps.

Un établissement de bains turcs venait de se fonder près de l’Opéra ; on lui avait dit que, grâce à une combinaison de sudation, de massage et de douches, l’homme le plus fatigué en sort