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SODOME.

écouta avec bonheur. Il ne voulut pas que cette demeure, où le seul être qu’il eût aimé, car c’était lui qu’il aimait en Laus, avait vécu, pût risquer de disparaître, emportant ainsi des souvenirs chers. La maison était à vendre, il l’acheta ; et comme Henri s’étonnait encore, ne pouvant s’expliquer cette fantaisie, il trancha du spéculateur, et fit à Laus toute une théorie sur le placement des fonds en maisons et en terres dans ce pays.

Il y avait un mois qu’ils étaient à Noirchain et rien encore, dans l’attitude de Soran, ne pouvait faire soupçonner à Laus l’exagération de son affection. Un jour, ils se trouvaient dans le petit kiosque, causant de mille vieilles choses toujours nouvelles, et Henri semblait moins triste : Jacques pouvait croire que la guérison approchait et que son ami commençait à oublier. Ils s’étaient assis sur le divan : la conversation tomba sur la femme par les soins de Laus, certainement, car Jacques était trop habile pour raviver une blessure presque fermée. Laus ne se répandait pas en lieux communs sur son inconstance, mais ses paroles trahissaient une amertume que Soran ne chercha pas à adoucir : bien plus, il lui suggéra que l’amitié seule pouvait être sûre et que c’était folie de chercher une