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LA CHUTE.

pas encore appris à souffrir. Après quelques jours de maladie pendant lesquels Jacques ne le quitta pas un instant, Henri Laus avait pu se lever. C’est alors que, pressé de questions, il fit sa confession à Soran : Il aimait cette femme, qui, sans raison, avait soudain refusé de le recevoir et, lorsque celui-ci, pour le consoler, lui dit que peut-être elle était indigne de cet amour, il ne voulut entendre à rien et tomba dans une sorte de stupeur qui alarma Jacques.

À grand’peine, Soran put le décider à quitter Paris, lui promettant, par ce moyen, la guérison : grâce à la fascination que cet homme exerçait autour de lui, il réussit dans ses diaboliques projets et Laus, avec une naïveté et un abandon filial, se réfugia dans Soran (il faut dire ainsi) et chercha dans cette amitié le remède à sa tristesse.

C’est la dernière étape de l’évolution lamentable de Jacques. Le sens moral achevait de s’éteindre chez lui. En quittant sa femme, pour se rendre auprès d’Henri, il l’avait embrassée pour la dernière fois ; il ne reparut plus. Trompant Laus qui, dans sa candeur, n’eût pu soupçonner une pareille infamie, il ne lui écrivit même pas…

Le sort de cette malheureuse qui se jeta dès